30. Castilla – La Mancha : De Cuenca à Toledo
(9 au
12 mai)
Comme je ne suis pas encore
parvenu à rattraper mon retard et que je quitte Valence dans à peine plus de deux semaines, je vais tenter – je ne
garantis pas que j'y arriverai – de m'en tenir à l'essentiel
dans mes récits. Pardonnez-moi si la qualité de mes écrits en est affectée…
Mardi 9 mai : départ de
l'aéroport de Valence pour une semaine
de road trip à bord d'une rutilante Ford Ka bleu azur, que nous avons
affectueusement baptisée Bebé. À
l'aide de sa carte, ma copilote a savamment déchiffré les
indications routières espagnoles pour nous mener en moins de deux à Cuenca,
jolie petite ville à mi-chemin entre Valence et Madrid. C'est dans un camping
tout juste à l'extérieur de la ville qu'on a décidé de piquer ma tente
nouvellement acquise pour la ridicule somme de vingt petits euros.
Autour de nous, que des camping-cars occupés par de vieux couples
d'Allemands ou de Néerlandais. Il faut dire que nous n'avons pas fait notre
itinéraire en fonction des endroits prisés par les backpackers…
Durant le reste de cette première journée,
nous sommes allés nous perdre dans les ruelles de la vieille
partie de la ville. Malgré une quantité impressionnante de bâtiments en
rénovation qui gâchaient un peu le paysage, Cuenca possède un charme qui vaut
le détour. L'ascension de ses abruptes rues pavées est récompensée par
de superbes panoramas sur les montagnes et vallées environnantes.
À l'est, la vieille ville se termine par de jolies maisons dont une partie est
suspendue dans le vide, accrochée aux parois rocheuses de la montagne.
La rivière qui traverse les lieux propose aussi d'agréables balades
puisqu'un sentier la longe sur plusieurs kilomètres.
Avant que le soleil ne se couche, nous nous
sommes empressés de nous rendre à la Ciudad Encantada (Cité Enchantée), un site
tout simplement magique et pourtant 100% naturel. Sur plus de 300
hectares, on retrouve des formations rocheuses étranges aux formes parfois
évocatrices d'espèces animales ou de monuments connus. L'ensemble est irréel et
semble tout droit sorti de la tête de J.R.R. Tolkien. Sans cette rationalité
qui nous affecte tous avec l'âge, je me serais attendu à tout moment à voir
jaillir de derrière une roche un gnome, un farfadet ou toute autre petite
créature de conte de fée. J'y aurais bien passé un peu plus de temps que la
petite heure qui nous a été allouée.
Après une première nuit quasi
polaire à essayer de se réchauffer par tous les moyens possibles (avez-vous
déjà essayé de dormir à deux dans
un petit sac de couchage?) nous sommes allés marcher dans un sentier en montagne que nous avions aperçu la veille depuis Cuenca. Après une
bonne heure de montée, une minuscule chapelle se dresse, isolée de tout. Nous
décidons d'y arrêter pour luncher, et c'est en dégustant notre sandwich au
jambon qu'on voit arriver nul autre que… le prêtre! Je ne sais pas s'il
monte tous les jours jusque là-haut, mais rares doivent être les fidèles qui
assistent à ses messes!
Une fois de retour à la
voiture, on a mis le cap vers la route de Don Quichotte qui, parsemée de dizaines
de moulins blancs, traverse plusieurs villages de Castilla - La Mancha qui ont
inspiré à Cervantès les aventures
du fameux chevalier halluciné. Premier arrêt : Belmonte, où se trouve un joli château sur une colline, et quatre ou cinq moulins sur
une autre. Puis, à Mota del Cuervo, j'en ai profité pour commencer un
film 35mm en noir et blanc pour un projet de mon cours de
photographie. J'ai mis quelques clichés dans la section Roadtrip avec Vicki.
Nous sommes arrivés en fin d'après-midi à El
Toboso, petit village plein d'authenticité où nous avons passé la
nuit. En se partageant une boîte de six sandwiches à la crème glacée, Vicki et
moi avons parcouru les quelques venelles de la petite bourgade jusqu'à ce que
le soleil ait terminé sa descente. Lors de cette promenade, les maisons
centenaires et l'absence de touristes nous ont donné l'impression d'effectuer
un véritable voyage dans le temps.
Le lendemain, on a fait un
bref arrêt en avant-midi à Campo de
Criptana pour voir un peu d'autres moulins. Mais les moulins, c'est à Consuegra qu'ils sont les plus impressionnants, en raison de leur
nombre. Il y en a treize alignés sur la crête d'une colline, séparés en deux
groupes par un château. Contrairement à la plupart des visiteurs qui débarquent
à peine de leur voiture, Vicki et moi nous sommes arrêtés une heure ou
deux pour contempler le paysage et avaler un autre sandwich au
jambon assis au pied d'un des moulins, à l'abri du vent. Comme il s'agissait de
notre dernière escale sur la route de Don Quichotte, nous nous sommes procuré
dans un moulin converti en boutique le fameux autocollant à l'effigie du
chevalier et de son fidèle compagnon, que tout le monde appose sur sa voiture
dans Castilla – La Mancha.
En peu de temps, on s'est
rendu à Toledo – ou Tolède pour les francophiles – où nous attendait notre lit
pour la nuit dans rien de moins qu'un magnifique château datant du XIe siècle.
Et aussi absurde que ça puisse paraître, nous avons eu une très jolie chambre
avec salle de bain complète pour 9,50euros! Comme il se faisait déjà tard, nous n'avons eu l'occasion de faire qu'une
brève balade dans la ville, que nous avons agrémentée d'une
ration de carcamusas (espèce de ragoût de cubes de viande et de saucisson dans
une sauce épicée, spécialité de Toledo) dans un bar, et de deux bon gros
pintxos (tapas basques) dans un autre. Le verre de bière et l'autre de vin qui
étaient inclus dans le prix des pintxos ont eu raison du peu d'énergie qui nous
restait. Même la meute de scouts qui envahissait l'auberge en criant à tue-tête
ne nous a pas empêché de dormir!
Je savais bien que je n'arriverais pas à faire plus court!
C'est qu'à mon avis, chaque parcelle de mon voyage est essentielle...