Comme je l’ai brièvement abordé dans mon dernier message, j’ai
fait une surprise à Vicki en la cueillant à l’aéroport de Madrid, alors qu’elle
croyait avoir à prendre un autobus toute seule jusqu’à Valence. Toute confuse,
son visage à l’instant où elle m’a aperçu montrait clairement qu’elle ne s’en
doutait aucunement.
Après quelques minutes passées littéralement ligotés l’un
dans les bras de l’autre, nous avons repris le contrôle de nos émotions et nous
nous sommes rendu en métro jusqu’à la station d’autobus. Durant les quatre
heures du trajet jusqu’à Valence, nos yeux ne se sont pas lâché une seconde et
se sont dit en silence tout ce qu’ils n’ont pas pu se dire au cours des trois
mois précédents.
Une fois les bagages déposés dans mon appartement, qui commençait
honnêtement à me manquer un peu, je suis descendu chercher le souper : un
succulent kebab du restaurant turc du coin. Pas tellement typique pour le
premier repas de Vicki, mais la fatigue due au voyagement nous a dissuadé
de cuisiner ou de sortir au resto. Et je dois avouer que les kebabs au coin de
chez moi sont tellement bons que je vais m’en ennuyer presque autant que des
tapas ou des churros une fois de retour au Québec!
Le lendemain de notre arrivée, j’avais une présentation d’un
projet à faire dans le cadre d’un de mes cours. Ma première remise depuis le
début du semestre! Évidemment, comme je venais de passer 3 semaines en Italie,
je n’avais pas beaucoup travaillé sur le projet et apparemment, mes coéquipiers
non plus. On a donc tout préparé quelques heures avant la présentation. Pendant
ce temps, Vicki est allé se promener dans les environs de la plage et elle est
venue me rejoindre à l’heure de mon cours, auquel elle a assisté. Elle a eu la
chance (si on peut parler de chance…) de voir de ses propres yeux ce dont je
vous parlais à propos du désordre de mes cours et de la nonchalance de mes
professeurs. Le hasard a en plus voulu que ce soit le plus désorganisé de mes cours
et le plus indolent de mes enseignants qui lui servent d’exemple. Alors que les
élèves entraient et sortaient de la classe à leur guise au même rythme qu’un
poumon respire de l’air, le prof en question flânait sur le web malgré le fait que
la plupart des étudiants présents étaient prêts à présenter leurs projets
devant la classe. Près d’une heure plus tard, quand il s’est enfin décidé à
débuter, je me suis mis à angoisser parce que je trouvais que le contenu de
notre présentation n’était que du vent comparativement à ce que les autres
devaient avoir préparé. Après que deux ou trois équipes aient exposé leurs
idées, je me suis immédiatement senti rassuré. Il semble que la préparation de
dernière minute et le je m’en foutisme
soient plus répandus encore que ce que je m’imaginais.
En soirée, les photos d’un de mes colocs exposées dans un
bar du centre historique nous ont servi de motif pour aller faire une fort
agréable ballade nocturne au cœur de la ville. Quoi que magnifique en version
diurne, c’est maquillée par la lumière des réverbères que l’architecture
valencienne dévoile son plus beau visage. Vicki, qui comme une gamine
s’émerveille avec un rien, n’a pas cessé de me tirer par la main dans chaque
petite ruelle où se trouvait une église ou une belle façade de bâtiment.
Les quelques jours qui ont suivi ont surtout été remplis par
les visites et autres activités obligatoires lors d’un passage à Valence. Même
si c’était la troisième fois que je grimpais la tour de la cathédrale et que je
visitais la Cité des Arts et des Sciences, le ixième tapas et le énième churros
que j’avalais, je vivais chaque chose d’une toute autre façon en étant avec
Vicki. Sa fascination et son enthousiasme d’enfant sont contagieux et me donnent
l’impression de tout ressentir avec plus d’intensité. En fait, ce n’est pas une
impression, c’est exactement ça. Avec Vicki, je ressens plus. Je vis plus.