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Viva Valencia!
28 mars 2007

19. Road trip andalou

Les cinq jours que je viens de passer en Andalousie ont été un véritable délice pour les sens. Cinq jours de rêve. Je ne réussirai probablement pas à communiquer tout l’effet que ce road trip à eu sur moi, alors dites vous simplement que c’était encore mieux que ç’en a l’air!

On a quitté Valence mercredi en milieu de journée, après avoir récupéré notre super bolide, une fringante Ford Fiesta 2007 de couleur rouge feu. J’aurais aimé conduire une voiture d’une marque européenne qui ne se vend pas au Québec, comme Peugeot ou Renault, mais à 62€ pour 5 jours, ce n’est pas moi qui vais me plaindre! Comme nous étions quatre, la voiture nous a coûté à chacun à peine plus de 3€ par jour, plus 25€ d’essence. Avoir fait tout ce trajet en train ou en bus nous aurait coûté environ 200€ chacun, alors je vais probablement reconsidérer la location d’une voiture pour ma prochaine aventure!

Ça nous a pris 6 heures pour nous rendre à Grenade, notre première destination, incluant les fois où nous nous sommes quelque peu égarés… Je ne crois pas que le pilote ni la copilote soient à blâmer; les indications routières espagnoles sont la plupart du temps soit mauvaises, absentes ou contradictoires. De plus, rares sont les Espagnols qui donnent des indications correctes. On a tout de même réussi à se démerder avec nos cartes et notre intuition.

Vers 21h, on a dû stationner la voiture aux portes de l’Albayzín, vieux quartier de Grenade composé d’étroites ruelles où seuls les véhicules autorisés peuvent circuler. Il a donc fallu continuer à pied pour parvenir à notre auberge. En marchant dans les ruelles à peine plus larges qu’une voiture, on a réalisé que c’était mieux ainsi!

Après avoir trouvé l’auberge - très sympas et un peu hippie sur les bords – on s’est promené dans les jolies rues pavées du quartier, bordées de maisons blanches. Les quelques commerces sont tout aussi blancs et ne se distinguent des maisons que par de discrets panneaux. Rien de tape-à-l’œil ou de criard; la simplicité et l’authenticité règnent au détriment des néons et des boutiques «designs». Seul le bruit de quelques valises à roulettes vient quelque peu briser l’atmosphère presque magique de l’Albayzín.

Le labyrinthe de ruelles nous a de lui-même conduit à un belvédère d’où on a pu contempler les palais arabes de l’Alhambra baignant dans la lumière de dizaines de projecteurs. À couper le souffle. Par la suite, la faim, la soif et la curiosité nous ont fait nous poser dans un petit bar où s’entassaient déjà une vingtaine de personnes et deux chiens. Une bière et quelques tapas plus tard, on a répondu à l’appel insistant de nos oreillers.

Jeudi, nos jambes se sont fait aller du matin au soir. D’abord, on est retourné au même belvédère pour voir la version diurne de l’Alhambra et on a eu la surprise de découvrir derrière ses palais les magnifiques sommets enneigés de la Sierra Nevada. On a ensuite fait les boutiques qui parsèment les ruelles entre l’Albayzin et le centre de Grenade (voyage avec trois filles oblige). Pour dîner, on a longuement hésité pour finalement aboutir dans un resto de bocadillos (sandwiches) tout ce qu’il y a de plus simpliste, constitué uniquement d’une cuisine ceinturée d’un comptoir et de quelques tabourets. Puis, le grand moment : la visite de l’Alhambra. Pour moi, c’était la deuxième fois, mais on ne peut pas vraiment se lasser de ces palais si soigneusement et ingénieusement conçus. On y a passé plusieurs heures à admirer ce chef-d’œuvre architectural datant de l’époque où l’Espagne était sous emprise musulmane. En fin de soirée, on est retourné dans l’Albayzin pour continuer notre expérience arabe en mangeant dans un minuscule restaurant une cuisine marocaine à faire flancher un gréviste de la faim. On a ensuite roulé quelques mètres jusqu’à un bar de Flamenco où avait lieu une représentation qui malheureusement tirait à sa fin. Le froid nocturne et la fatigue ont eu raison de notre motivation à trouver un autre spectacle et on a donc décidé de retourner vers l’auberge. Au moment ou on partageait notre désappointement dû au fait que nous allions passer notre dernière soirée à Grenade à l’auberge, le bruit de gens qui parlent et de musique nous ont fait tourné la tête. Il y avait un petit groupe de musique qui se donnait en spectacle dans un bar! La salle devait contenir tous les hippies et les rastas de la région, ce qui laissait planer des odeurs un peu louches, mais la petite demi-heure qu’on y a passée nous a enlevé le sentiment de culpabilité de n’avoir rien fait de la soirée!

Vendredi matin, ce fut le départ pour Ronda et les magnifiques Pueblos Blancos (villages blancs) dans les montagnes du centre de l’Andalousie. Pour s’y rendre, les routes sinueuses et les paysages qui les entourent sont d’une beauté indescriptible. Vallées et montagnes se succèdent avec, çà et là, quelques troupeaux de moutons, de chèvres, de bétails, de chevaux et même de lamas. De temps à autres, un petit amas de maisons blanches apparaît pour nous rappeler qu’il y a aussi des gens qui habitent la région. À mi-chemin, on s’est arrêté dans l’un d’entre eux, un peu plus grand que la moyenne, pour y manger une bouchée. À peine sortis de la voiture, on se fait demander si on cherche quelque chose. Est-ce qu’on a vraiment l’air de touristes ou bien tous les villageois se connaissent entre eux? Bref, on a suivi les conseils d’une charmante dame et on s’est retrouvé dans un restaurant de cuisine andalouse. Entre autres choses, j’y ai dégusté un succulent callos, un genre de ragoût fait avec des morceaux d’estomac de vache. Dit comme ça, ce n’est pas tellement appétissant, mais je vous jure que c’est bon!

Seules une heure ou deux de routes nous séparaient encore de Cartajima, le minuscule village de 250 âmes où nous allions passer la nuit. Quinze minutes après avoir passé la ville de Ronda, une petite tache blanche surgit au loin. En s’approchant, on distinguait de plus en plus les quelques maisons accrochées au flanc de la montagne. Même si Cartajima n’est composé que de 20 ou 30 ruelles, il nous a fallu l’aide de Paco, un gentil vieillard du village, accompagné de son chien Kiki, pour trouver notre auberge. Une fois à l’intérieur, Botz, notre sympathique hôte britannique, nous a accueilli comme si c’était chez lui. C’est probablement parce que c’est effectivement chez lui! Il s’occupe seul de sa petite auberge contenue dans une magnifique maison vieille de 300 ans. Après le tour du propriétaire, on est remonté dans la voiture pour aller visiter Ronda. Perchée sur un promontoire de roche, la ville est séparée en sa vielle et sa nouvelle partie par un canyon profond de 150 mètres. Un énorme pont de pierre relie les deux quartiers et se retrouve immanquablement sur toutes les cartes postales à l’effigie de la ville. Au crépuscule, on s’est appuyé sur la rampe d’un belvédère pour admirer l’un des plus beau couché de soleil qu’il doit être donné de voir en Espagne.

À notre retour à l’auberge, la table était déjà mise. Un alléchant repas maison fut servi en quelques minutes, le temps de faire connaissance avec le seul autre client de l’auberge, un sexagénaire anglais venu en Andalousie pour photographier des orchidées. On a donc tous ensemble dégusté un succulent poulet, accompagné de légumes et d’un vin maison concocté par Paco lui-même, qui est venu nous rejoindre en soirée pour nous débiter des histoires sans queues ni tête avec son incompréhensible accent andalou. Pour rendre la soirée encore plus pittoresque, on est allé prendre un whisky (dilué dans du cola, quand même) au seul bar du village, si encore on peut qualifier de bar ce local froid et sans musique où placotent 3 ou 4 vieillards. Ces derniers sont devenus tous excités à la vue des trois filles et je me suis vu contraint de leur promettre de leur envoyer les photos de la soirée!

Après une reposante nuit de sommeil, on est allé dire au revoir à Paco, qui nous a généreusement fait don d’une bouteille de son vin maison. Pendant la journée, on est tranquillement descendu vers la côte méditerranéenne pour aller rejoindre Málaga, en s’arrêtant dans deux des pueblos blancos. D’abord, Gaucín, joli village de taille moyenne où s’arrêtent des dizaines de cyclistes. De jolies maisons blanches (!), un petit château et un point de vue magnifique sur la région sont parmi les choses à voir. Plus loin et surtout, plus haut, on s’est arrêté à Castellar la Frontera où se trouve un grand château et un petit village fortifié qui surplombent un superbe lac. Le panorama nous a convaincu d’y faire un pique-nique assis sur une grosse roche au pied du château.

Rendu sur la côte, on a bifurqué vers Tarifa, la ville la plus au Sud de l’Espagne, pour s’asseoir sur ses plages et y contempler les montagnes marocaines qui, à cet endroit, se trouvent à seulement 9 km des rives espagnoles.

Arrivés à Málaga, nous croyions enfin pouvoir descendre de la voiture et visiter la ville qui ne nous recevait que pour une soirée, mais il nous a fallu plus d’une heure à parcourir ses rues à la recherche de l’auberge et d’un stationnement à proximité. La faim, la fatigue et la circulation au centre-ville on eu raison de ma bonne humeur et pour la retrouver, on est allé déguster le plus savoureux des steaks, cuit sur les braises d’un resto argentin, accompagné de vrais empanadas sud-américains, franchement meilleurs que leur version espagnole. Pour bien terminer la soirée, j’ai laissé mes papilles me guider jusque dans un café où m’attendait un morceau de gâteau au fromage.

Dimanche, ultime journée du road trip, on est remonté jusqu’à Córdoba pour y visiter son étonnante cathédrale qui témoigne des bousculements entre religions au cours de l’histoire espagnole. D’abord érigée en tant que basilique St-Vincent au VIème siècle, les Arabes l’ont démolie en l’an 785 et se sont servi des matériaux pour bâtir leur mosquée, qui a connu plusieurs phases d’agrandissement au cours des siècles. C’est finalement en 1236, sous Ferdinand III, que le bâtiment redevient chrétien. Ces changements ont laissé des traces dans l’architecture de la cathédrale, qui est un des rares endroits où on voit se côtoyer des mosaïques arabes et des représentations du Christ. D’abord déroutant, le résultat est tout de même très impressionnant.

En fin d'après-midi, on est remonté une dernière fois à bord de notre bolide pour filer à 140 à l'heure (c'est la vitesse normale ici) qui en cinq heures nous a mené jusqu'à Valence, qui commençait déjà à nous manquer un peu.

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Commentaires
K
Holy Cow Olididli! Ça ressemble de plus en plus à un roman auto-biographique ton affaire! C'est pas une insulte soit-dit-en-passant, car c'est très intéressant à lire! J'ai très très très bien imaginé la scène avec la valise à roulette! hihihi
V
AS-TU DIT DES LAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAS?!?!??? lol!<br /> <br /> xxxx
Viva Valencia!
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